Sur la plupart de ses portraits, elle est là, son visage très pâle entouré d’une collerette dont les plis figurent les rayons du soleil, toute parée de perles et la bouche vermillon. Au XVIe siècle, Elizabeth Ire use de sa féminité pour donner de sa personne et de son règne une image spectaculaire. Dans une Angleterre en plein essor économique où l’esprit de la Renaissance inspire de nouvelles quêtes esthétiques, l’usage du rouge à lèvres se développe et la reine en fait bientôt une consommation immodérée.
Elizabeth, qui compose elle-même la plupart de ses recettes de beauté, élabore son propre rouge à base de cochenille, de gomme arabique, de blanc d’œuf et de lait de figue. On lui prête aussi d’avoir inventé les premiers crayons à lèvres en mélangeant à de la poudre d’albâtre des ingrédients aux pouvoirs colorants, le tout façonné en petits rouleaux puis séché à la lumière du soleil.
On prête alors au rouge à lèvres le pouvoir d’éloigner la mort
À quoi ce fard doit-il sa popularité ? On lui attribue entre autres des pouvoirs magiques, comme celui d’éloigner la mort. Le clergé, inquiet de l’ampleur prise par le phénomène, demande que les femmes qui y ont recours se justifient en confession. Un texte de l’époque va jusqu’à assimiler l’emploi du rouge à lèvres à un péché mortel, « excepté si celui-ci est là pour remédier à un défigurement ».
Le Parlement lui aussi légifère – se maquiller pour « tromper » un homme et le conduire au mariage devient acte de sorcellerie. Mais rien de tout cela ne va convaincre les femmes de renoncer à leur passion naissante pour le rouge, auquel leur souveraine elle-même prête des vertus protectrices. À sa mort, dit-on, Elizabeth Ire en avait sur les lèvres… plus d’un centimètre d’épaisseur.
📬 Avez-vous aimé cette histoire ? Découvrez gratuitement Tellement belle, le numéro de la newsletter marguerite consacré au visage et à la beauté des reines, en cliquant ici 👈
