Trouver sa place : l’espace sans cesse à reconquérir des reines de France

Lorsque l’épouse de Louis XV, Marie Leszczynska, arrive à Versailles en 1725, elle découvre une cour qui s’est habituée à vivre sans reine. L’épouse de Louis XIV est en effet morte il y a plus de quarante ans et une grande partie de l’espace occupé par ses anciens appartements a été réquisitionné afin d’agrandir ceux du monarque. Pour Marie, fille d’un souverain de Pologne déchu dont l’élévation à la condition de reine de France a provoqué bien des sarcasmes, le plus dur commence : trouver sa place.

Une vie de représentation permanente

Comme si elle pensait devoir mériter l’honneur qui lui a été fait, la jeune femme va se plier à la vie de représentation permanente – l’une des plus exigeantes au monde – qui est celle de la cour de Versailles. La « certaine intimité » qu’on lui reconnaît se matérialise en tout et pour tout par un « cabinet de retraite » (une pièce où l’on se retire), complété par un oratoire exigu. En 1746, après vingt-et-un ans de mariage et 10 enfants, Louis XV, notoirement infidèle et sans doute plein de regrets, décide de lui octroyer davantage de liberté en faisant aménager à son intention des petits appartements.

« Des moments où elle n’est point reine »

Discrète et humble, Marie Leszczynska rêve de pouvoir vivre comme « une particulière » des moments où « elle n’est point reine ». On la libère de plusieurs de ses obligations, comme celle de prendre ses repas en public. L’épouse de Louis XV dispose désormais d’un « laboratoire » où, tous les matins, elle peut faire de la musique, de la tapisserie et de la peinture. Grâce à elle, les souveraines qui se succéderont à l’avenir (notamment Marie-Antoinette) pourront prétendre à un quotidien un peu plus en phase avec leurs aspirations personnelles.

Marie, l'épouse de Louis XV, en 1725. Un portrait peint par Alexis Simon Belle.
DR

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