Comment célébrer le souvenir d’Elizabeth II, comment faire en sorte que celui-ci devienne un patrimoine commun, que toutes les générations puissent se l’approprier ? Pour les membres de la famille régnante et les autorités britanniques, une longue et passionnante réflexion commence.
Travail de mémoire
Un comité dirigé par Robin Janvrin, un ancien proche conseiller de la souveraine, vient d’être créé par le palais en coopération avec le gouvernement. Sa mission est double : soumettre à Charles III et au Premier ministre une proposition de mémorial permanent – celui-ci sera inauguré en 2026, année du centenaire de la naissance de la reine. Et sélectionner, parmi tous les projets qui lui seront soumis (immeubles, ponts, jardins publics…), ceux à qui il sera permis de porter le nom d’Elizabeth II.
Parmi les pistes étudiées par Charles III : la transformation du château écossais de Balmoral, où sa mère s’est éteinte le 8 septembre dernier, en un lieu de mémoire ouvert au public une grande partie de l’année. La reine avait une affection toute particulière pour son domaine des Highlands, où elle séjournait tous les étés jusqu’à la fin du mois de septembre. Propriété privée du monarque en exercice, le château n’était jusqu’ici accessible aux visiteurs que quatre mois par an.
Une grande exposition consacrée à la souveraine et à son époux, le prince Philip, se prépare par ailleurs, probablement pour l’été 2024, et pourrait être portée par plusieurs résidences royales (le palais de Buckingham, le château de Windsor et le palais de Holyroodhouse, à Édimbourg) afin de favoriser une pluralité narrative.
L’officiel et l’intime
Gardien du souvenir, Charles III va également devoir désigner l’auteur(e) de la biographie officielle de sa mère – la première personne au monde à avoir accès aux archives personnelles d’Elizabeth II, notamment à sa correspondance officielle et privée et à son Journal intime.
Le passé a montré qu’il n’est pas nécessaire d’être historien(ne) de formation pour être choisi – en 2003, l’écrivain et journaliste spécialiste de politique étrangère William Shawcross s’était ainsi vu confier la biographie officielle de Queen Mum, disparue deux ans plus tôt à l’âge de cent-un ans. Il ne servirait pas à grand-chose non plus de se porter ouvertement candidat. « Ici, me confiait un jour un membre de la maison royale, quand on pense à vous pour un poste on vient discrètement vous taper sur l’épaule. Et voilà. »